J’avance comme un aveugle – si je marche
sur la mer c’est que je n’en ai jamais vu les vagues :
l’ignorance m’est un obscur vaisseau ailé
qui parcourt sans répit les ténèbres ineffables,
jusqu’à ce que les eaux, enfin, se séparent
et se referment sur lui – pour l’ensevelir,
ou que l’été miraculeux et tendre
s’empare de lui – et lui apprenne l’azur
J’avançais les yeux grands ouverts
sur un leurre ses ailes
transparentes son vol aveugle
J’avançais tirée par l’oiseau de paille
que je croyais vrai
quand je vis le héron cendré
Depuis
c’est avec le prince de bois que je danse
Ainsi de leurre en leurre
j’avance jusqu’à la fin du conte
De la rouille du lilas
à celle du rasoir
il n’y a qu’un pas
– même pas –
juste un imperceptible hasard