FUGUE
Je suis l’arbre bleu qui t’attend dans la nuit
Viens
Le labyrinthe de mes branches
a absorbé les ombres qui voilaient ton regard
les sournoises tapies à l’heure du crépuscule
les violentes qui gesticulent sous l’index de midi
et celles emprisonnées derrière tes paupières
feignant de mourir
pour mieux resurgir dans le gris de tes aubes
Toutes
et surtout les oubliées
à force d’être sues
je les ai captées sous mon écorce
et dans la dure poussée de la sève
elle montent à travers mes entrailles
travaillent mon bois
et sculptent mes rameaux
en un hiéroglyphe
triomphal
à tracer haut
en plein ciel